Il était aux alentours des dix sept heures lorsqu’une grande envie de peindre m’était venue à l’esprit. Peindre… Ce que j’aimais faire par-dessus tout. Peindre… Ce qui m’ôtait cette impression exacerbée d’être malade. L’étais-je vraiment? Un autiste est-il vraiment fou ou juste incompris? Mes parents disaient que j’étais particulier, que, oui j’étais incompris car personne ne connaissait, à part les spécialistes, ce trouble. Mais je le savais bien que parce que j’étais leur enfant, unique de plus, ils m’acceptaient qu’importe la personne que j’étais. Ils m’aimaient comme jamais personne ne m’avait aimé et moi? Moi je les aime, je les aime par-dessus tout.

Mais? Pourquoi je pense à ça au juste? Peut-être vis-à-vis du fait que tout le monde, actuellement, me regarde bizarrement. Des regards si étranges.. Comme si j’étais… Une bête de foire? Je ne sais pas, je ne comprends pas.. Je n’arrive pas à comprendre réellement les gens alors comment savoir? Suis-je totalement idiot? Suis-je… Je ne sais pas, je ne sais plus, tout s’embrouille dans ma tête et cela m'énerve! Je sens ma mâchoire se serrer suite à cet agacement et cela me fait sortir de mes pensées. Je secoue la tête légèrement et me rends compte que je vois au loin se profiler l’académie où je vais enfin pouvoir exposer ce que je ressens ou, tout du moins, me vider l’esprit. Mais avant de pénétrer dans l’enceinte de l'établissement, je m'assois sur un banc tranquillement et sors un paquet de cigarette de mon sac bandoulière puis un briquet. J’allume donc ma sucette à cancer et commence à fumer sans me presser. Enfin, je devrais peut-être me dépêcher ne serait-ce qu’un peu non?

C’est pour cela que je me lève et remets mon sac comme il faut, reprenant ma marche. Fumant tout en marchant je me perds de nouveau dans mes pensées. Cela fait un moment que je ne me suis pas fais de mal. Serais-je passer au travers de ce besoin de voir du sang? Ce besoin de me faire du mal. Je finis ma cigarette quelques minutes plus tard, ne m'étant pas arrêté de penser tout de même. C’est l’une des choses où je suis le meilleur. Me perdre dans mes pensées… Cela dit c’est unes des RARES choses pour lesquelles je suis bon… Bref! Je sors mon cendrier portable et écrase ma clope à l'intérieur. Je suis prêt pour me rendre dans la salle d’arts. Je regarde ma montre: dix sept heures quinze précisément. J’ai bien géré mon temps, moi qui voulais peindre une petite demie heure. Un petit sourire naît sur mon visage mais un élève passe et je baisse de suite les yeux. Il a croisé mon regard je… A- t- il beaucoup vu ma cicatrice? Je ne suis qu’un idiot! Bien sûr qu’il l’a vu! On ne voit que ça en me regardant! Et cela fait que je n’aime pas regarder dans les yeux bien que cela ouvre des portes sur l’âme des gens, enfin, il paraît. Je l’ai lu dans un livre un jour je crois. Je continue donc mon avancée dans les couloirs qui sont bien silencieux à mon goût mais  cela ne me dérange pas, bien au contraire! Mis à part ma musique je n’aime pas lorsqu’il y a beaucoup de monde qui parle autour de moi.

Après être arrivé à l’endroit de la salle d’arts je souffle légèrement, au moins je suis seul! Mais, vais-je le rester ou quelqu’un va-t-il venir? Certains élèves aiment beaucoup venir dans cette salle pour se détendre. Il m’est arrivé d’en croiser certains. Fois où à cause d’eux je n’ai pas pu peindre de ce fait… Je n’aime pas le conflit et je suis bien trop timide pour vouloir m’imposer. Peut être est-ce dû à mon trouble? Je ne sais pas trop, encore une fois c’est un mystère pour moi, un mur qui se dresse face à moi. Ça me fait tellement peur que je me mords l’intérieur de la joue à sang pour ne plus y penser. BON, je suis seul! Je referme donc la porte derrière moi en ne faisant pas de bruit. Je regarde l’heure une nouvelle fois et soupire, je peindrais moins de trente minutes, faute de peur d’être vu. Enfin il est l’heure, me voici avec mon pinceau dans ma main sans que je ne m’en sois rendu compte, comme à peu près tout le temps à vrai dire. Un jour cela me fera commettre un accident et.. Peut-être aurai-je la chance de perdre la vie? NON, il ne faut pas que je pense à ça. Instinctivement le bout de mon pinceau est teinté de couleur rouge, étonnement oui...

Le rouge... Parfois ça m'empêchait de m'auto mutiler lorsque je peignais avec cette couleur. Parfois oui.. Parfois non, ça pouvait même être pire et m'encourager à me scarifier tellement je voulais revoir cette couleur. C'est pour cela que, parfois, j'avais une lame de rasoir sur moi. Lorsque j'étais dans une phase que j'appelais de « crise » cela me faisait me sentir en sécurité. Pour l'instant personne n'avait su que je portais une arme sur moi et j'espérais que cela reste ainsi. Cependant aujourd'hui je ne suis pas dans cette phase dite de crise. J'ai envie de me faire du mal certes, comme tous les jours je dirais mais ce n'est pas ce qui prime dans cet instant et pour être honnête je n'y pense qu'en ce moment. La journée s'est relativement bien passé, je n'ai pas eu de moqueries de la part des autres élèves et ça c'est un déjà un pas en avant et même ! J'ai réussi à faire une phrase presque sans bégayer à chaque syllabe, c'est sûrement aussi pour ça qu'il y a eu moins de moqueries en cours. Aujourd'hui mes professeurs n'ont pas eu à reprendre les élèves qui rigolaient de moi, ça a dû les ôter d'un poids. J'en ai bien conscience, j'ai conscience d'être un poids pour les autres à cause de mon handicap, si ce n'était pas moi qui avais choisi cette école peut être que ce seraient mes parents qui m'y auraient amené sous l'excuse que j'ai donné pour partir ? Peut être qu'ils sont heureux que je ne sois plus vraiment à leur charge mais à celle de l'académie ?

J'arrête de peindre un instant pour secouer doucement la tête de gauche à droite, histoire de faire partir cette vilaine idée de mon esprit. Je sais très bien que mes parents m'aiment, qu'ils ne me considèrent pas comme un fardeau, que, au contraire malgré mon autisme il me voit voit comme un cadeau venant du ciel. Pourquoi d'ailleurs ? Je ne le mérite pas après tout ce que je fais de mal, tout ce que je m'inflige... Je ne devrais pas être éperdument aimé par eux, bien qu'il soient mes parents... Pourquoi je pense à ça maintenant ? Mes pensées ont tellement dérivé que je ne sais plus où j'en suis et qu'à présent ma journée commence à être entachée par la tristesse et la douleur. Ça me gratte, ça me gratte le poignet... Les cicatrices toujours fraîches de la veille me tirent, me grattent et me font mal. Je l'ai mérité, je le mérite toujours... Je mérite même toutes ces moqueries, après tout je suis « malade », sinon je n'aurais pas besoin d'avoir un rendez-vous mensuel chez le médecin de l'académie. Où peut être que c'est tout simplement parce qu'ils s’inquiètent vraiment pour l'être insignifiant que je suis ?  Je n'arrive plus à réfléchir correctement depuis que je peins mais... De base c'est surtout pour ça que j'étais venu non ? Peindre pour oublier de penser, rien d'autre, parce que c'était mon exutoire. Quel abruti je fais ! J'en laisse d'ailleurs tomber mon pinceau... Je soupire et regarde mon uniforme, au moins pas de tâches. Cela dit m'étant tourné pour récupérer le pinceau je vois une jeune fille. Elle a l'air plus jeune, bien plus jeune mais ça ne m'empêche pas de sursauter en la voyant. Cependant elle a l'air d'être occupée je m'avance doucement d'elle pour ne pas lui faire peur et prends la paroles comme je le peux.



Attendant sa réponse je regarde son dessin qui est fort joli et reprends donc la parole.



Je soupire en baissant un peu plus les yeux.

La jeune fille a l'air aussi perdu que moi lorsque je me force à poser les yeux sur son visage. Elle est.. Belle ? Je ne sais pas si je peux utiliser ce terme étant donné que je regarde rarement le visage entier des gens mais elle... Je veux bien me risquer à dire cela. Oui. Elle est belle, bien qu'elle doit être plus jeune que moi, de quelques années. Je le vois à son uniforme. Mais je ne saurais dire de combien cela dit. Trois ? Plus ? Peut être moins ? Je ne sais pas vraiment en fait, mes yeux ne se sont posés sur elle que l'espace de quelques secondes. Après tout je ne savais pas si cela allait la mettre mal à l'aise que je la regarde ou non, je n'ai jamais eu l'habitude de rester avec des filles, enfin, des garçons non plus d'ailleurs. Je n'ai jamais eu d'amis de toute façon à cause de mon autisme. Parce que personne ne voulait prendre le temps d'arriver à déchiffrer comment j'étais, mes toc, mes problèmes de communication. Non, il préférait se foutre de moi... Je soupire et regarde son dessin encore une fois après lui avoir dit qu'il était beau. Après tout c'était vrai, à force de peindre et dessiner je savais dire si un dessin était beau ou non. S'il était comme je le pensais beau, j'osais à le dire. Cependant si je ne l'aimais pas … Hé bien.. Je ne disais rien voilà tout. Heureusement on ne m'avait jamais posé la question ! Jusqu'à présent c'était moi qui décidait ou non de dire ce que je pensais d'un dessin ou d'une peinture. Chacun ses goûts mais malheureusement je ne savais pas comment dire que ce n'était pas à mon goût. J'avais du mal à m'affirmer avec mon handicap mais pas que. Ma timidité jouait beaucoup aussi je pense ! Enfin que je ne pouvais plus partir à présent que je lui avais adresser la parole. D'ailleurs elle ne m'avait pas répondu lorsque je lui avais fait mon compliment elle avait juste émis un petit bruit qui m’avait légèrement fait rougir tellement il était... Il était mignon... Trop de chose c'était passées en quelques secondes, une ou deux minutes tout au plus. C'est peut être pour cela que j'étais mal à l'aise ? Encore ? Non... Impossible de me voiler la face, je savais que ce n'était pas ça, je savais que c''était à cause de mon manque de confiance en moi, ma timidité, mon handicap. Le mélange des trois était un mélange détonnant.

Mais bref la conversation avance comme elle le peut, j'arrive à lui demander quelle couleur elle veut mettre sur son dessin. Si je ne suis pas doué pour dire ce que je pense réellement ou encore m'exprimer, lorsque on me parle en me montrant des choses je peux comprendre plus ou moins vite. Et là elle me montre la couleur rouge que je prends délicatement dans ma main. Puis je l'entends essayer de parler d'une toute petite voix. Elle aussi elle n'a pas l'habitude ? C'est.. Bizarre.. De trouver quelqu'un comme moi.. Je sais que je ne suis pas le seul à avoir du mal à parler mais ça fait tout de même bizarre. Elle m'explique alors avec du mal qu'elle ne sait pas comment faire les couleurs avec la peinture. J'allais lui demander quelles couleurs mis à part le rouge mais elle revient avec des feutres. Il ne me faut que très peu de temps avant de comprendre que ce sont les couleurs qu'elle veut reproduire. Rouge, jaune, orange, gris, noir et beige donc. Je prends une palette ou je mets les trois couleurs qui n'ont pas besoin d'être mélangées. Un peu de rouge et de jaune pour le orange puis pour le beige je me gratte le menton. Je ne suis plus sûr des couleurs à employer alors je fais au plus simple on va dire. Mélangeant plusieurs couleurs pour arriver à un marron et en mettant du blanc pour le faire devenir beige.

En temps que peintre, ou futur peintre de métier je me devais de connaître comment l'on faisait les différents mélanges pour chaque couleurs. Alors le fait de ne pas me souvenir tout de suite de comment faisait-on du beige me fit claquer doucement la langue sur mon palais, signe que cela me frustrait. Je sursautais d'ailleurs légèrement en faisant cela. Et si la jeune fille avait peur de ce bruit ? Si elle croyait que c'était de sa faute ? J'écarquillais les yeux, non je ne voulais pas qu'elle ait peur de moi !



Je finis cela dit par faire un beige que je trouve joli mais, elle... Comment le trouvera-t-elle ? Est-ce la bonne teinte , celle qu'elle voulait? Chaque couleurs ont tellement de teintes différentes que c'est parfois dur de savoir quoi ajouter ou pas... C'est parfois une source d'angoisse pour moi bien que je me sers de la peinture pour me libérer. Cependant mon regard croise celui de la jeune fille un instant. Les yeux dans les yeux. Il n'en fallut pas plus pour me faire rougir. Si mignonne.. Et, elle ne se moque pas de moi. J'ai même l'impression qu'elle est aussi apeurée que moi dans cette situation et, quelque part, ça me rassure de ne pas être le seul dans cet état. Je pus néanmoins voir l'espace d'un instant sa tête bouger avec un petit bruit. Je pense que ça veut dire oui ? Surtout avec ce petit hochement de tête mais mes yeux se rebaissent très vite pour regarder la palette où est posée la peinture puis sur son dessin, il est beau, vraiment et j'avais plus que hâte de le voir en couleur, fini. Enfin après, peut être ne voudrait-elle pas que je le vois et qu'elle ne veuille plus me voir ? Après tout c'est une collégienne, elle ne reviendra peut être pas ? Et aussi peut être que je lui fais peur à cause de ma taille ? De ma cicatrice ? Je ne sais pas, j'aimerais juste voir son dessin fini, pas plus mais je ne veux pas la forcer, ce serait agir contre mes principes et de toute façon je n'y arriverai tout simplement pas... enfin bref, je suis heureux d'avoir vu dans ses yeux, l'espace d'un instant, de la gratitude. Je devrais apprendre, me forcer à regarder les gens dans les yeux après tout il paraît que les yeux sont le miroir de l'âme mais... Non... Je ne peux pas... Rien que d'y penser j’ai une montée d'angoisse qui me prend. C'est la jeune fille qui me ramène à la réalité lorsque je l'entends doucement me remercier. J’écarquille les yeux et me reprends pour répondre après quelques secondes.



Je pose mes yeux sur ses mains, petites, dont l'une qui prend son pinceau. Dois-je la laisser ? J'hésite, la prise de son pinceau veut-il dire qu'elle n'a plus besoin de moi ? Je me tourne dos à elle et commence à marcher pour me baisser et reprendre mon pinceau. Toujours dos à elle je prends une grand inspiration.



Ma voix tremble légèrement, ne vais-je pas déranger en me présentant ainsi ? Je soupire légèrement presque sans bruit et mes épaules s'affaissent alors que je continue de marcher vers ma toile.

Quelques secondes après qu'elle m'ait dit merci je souris timidement toujours en regardant le dessin puis, au final je lui tourne le dos pour aller récupérer mon pinceau tombé non loin de là. Près d'une chaise à côté de ma toile, me baissant lentement je tourne mon regard vers la jeune adolescente. Pourquoi je la regarde ? J'espère qu'elle ne m'a pas vu le faire, non, elle a l'air très concentré sur son dessin et heureusement. J'espère que je lui ai fait les couleurs qu’elle voulait... J'angoisse ça y est ! Je prendre une grande inspiration discrète et expire tout aussi discrètement qu'avant que je prenne une bouffée d'air pour me calmer. Je reviens enfin devant ma toile. Ayant aidé la jeune fille je me rends compte que la couleur rouge n'a plus la même signification, qu'elle n'a plus la signification du sang comme cela m'était venue à l'esprit un peu plus tôt. Cette fois ce rouge m'apaise. Il faut donc que je continue  sur cette voie. Mon dessin ne ressemble pas à grand chose. Juste un enchevêtrement  de « lignes » rouges et noires. À vrai dire j'appelle ça des dessins thérapeutiques. Ça ne veut rien dire c'est souvent de l'art abstrait mais ça permets d'évacuer et ça fait un bien fou, ça laisse l'esprit vagabonder, se perdre pour apaiser le cerveau. Ça me fait tant de bien lorsque ça me fait ça, lorsque la magie opère. Cela dit ça n'arrive pas toujours et, encore une fois avec cette couleur qu'est le rouge je pense souvent à la couleur du sang qui est pour moi l'une des plus belles couleurs au monde. Je secoue la tête doucement de gauche à droite. Arrêter de penser à ça. Il faut que je cesse de penser à ça ! Ça m'avait quitté quand j’étais avec la fille blonde.

D'ailleurs... Comment s'appelle-t-elle ? Je ne le sais même pas. Je ne lui ai même pas demandé son prénom. Je ne suis qu'un idiot impoli ! Ou peut être : un peu trop timide ? Je ne sais pas trop pour être honnête. Et moi ? Je ne lui ai pas donné mon prénom non plus. Je me retiens de me taper la paume contre le front tellement je me désespère. Je lui dis donc comment je m'appelle avec un peu de mal mais moins qu'avant. J'attends un instant, pas longtemps étant donné qu'elle me répond. Je ne pensais pas qu'elle me le dirait à dire vrai. Cela voulait-il dire que je ne lui faisais pas peur malgré ma cicatrice sur le visage ? Cela voulait-il dire que je ne la dérangeais pas tout à l'heure et que j'aurais pu rester à ses côtés ? Je ne sais pas vraiment, c'est dur de penser alors que je me répète son prénom dans ma tête comme pour l'imprimer dans ma mémoire. À quoi ça sert au juste ? Je ne vais jamais la revoir...

Le prénom de la jeune fille est beau et pour la seconde fois je lui donne mon avis mais elle ne dit rien... Ai-je fait une erreur en lui disant ça ? Je me mords la langue. Je recommence à peindre en me taisant cette fois ci, elle ne m'a pas dit si je pouvais revenir voir son dessin. J'en conclus qu'elle ne le veut pas... Je dois la déranger, oui voilà c'est ça... J'aurais dû partir au lieu de revenir peindre, juste après lu avoir dit mon prénom. Mais à présent j'ai peur de bouger, je ne veux pas la déranger encore plus en faisant du bruit. J'ai envie de pleurer voilà... Ça m'énerve d'être comme ça, aussi hypersensible que ça. Une larme coule pile au moment où j'entends un petit bruit. J'essuie ma larme et me retourne, sursautant en voyant Monsieur Mikazuki, mon professeur de japonais. En cours il est plutôt froid, stricte et sa classe est impeccable. Il y a rarement des vagues causées par des idiots de perturbateurs... Il fait à peu près la même taille que moi mais il fait tellement plus imposant que moi ! Et lorsqu'il a les bras croisés ainsi j'ai peur de ce qui va m'arriver et aussi à la jeune fille. Je tremble donc légèrement avec la bouche légèrement entre ouverte. Cependant j'oublie un moment que l'on ne nous grondera pas au son de la voix du prof. Elle n'est pas comme à l'accoutumée. Elle est.. Basse.. Douce ? Je n'en ai pas l'habitude. Une passion en commun ? Je regarde l'adolescente puis sa toile puis Monsieur Mikazuki, une, deux fois. Je dois me ressaisir, il faut que je parle mais je vois un étrange spectacle? Devant moi. La jeune fille enfin... Yumiko va serrer mon prof dans ses bras. C'est sa fille ? Un membre de sa famille ? Je ne saurais le dire alors je rebaisse les yeux pour ne pas croiser les leurs. Je devrais partir... Les laisser tout les deux, j'éviterai peut être même de me faire gronder ? À moins qu'il ne me gronde et me donne des heures de colle la prochaine fois qu'il me verra? Je l'aurai peut être mérité qui sait ? Oui c'est même sûr... Cependant lorsque Yumiko prend la parole sur son dessin que j'ai pu observer quelques secondes avec les couleurs je prends la parole.



Je ne sais même pas si je parle encore normalement mis à part mes bégaiement c'est... Bizarre et j'espère que lui dire ce que je pensais de sa toile n'allait pas l'énerver, j'avais à présent un peu peur. Peut être que ça énerverait aussi le professeur s'ils sont de la même famille ? Il va vouloir la protéger de ce que disent les autres mais pourtant... Il ne devrait pas. C'est gentil ce que j'ai dit, non ? Je commence à douter. Ça me fait extrêmement peur alors je commence à me gratter avec insistance le bras droit en regardant mes pieds un peu plus. Je l'entends, enfin la jeune fille, dire qu'elle veut voir les lucioles comme elle a vu la première fois. Je ne comprends pas très bien ce qu'elle veut dire par là mais je ne bouge pas, essayant de passer en mode « invisible » peut être qu'ils ne me verront pas si je ne bouge pas ?

Maintenant que mon professeur est là je m'en veux un peu plus. Vais-je me faire gronder comme il le fait avec les autres élèves de ma classe ? Je ne sais pas, il n'a jamais été ainsi avec moi mais il me paraît parfois... Sévère ? Je ne sais pas trop alors mes yeux restent rivés au sol pour regarder mes pieds qui sont incapable de bouger. Je vais recevoir une punition c'est certain ! Pourtant Monsieur Mikazuki ne dit rien, il ne me gronde pas mais parle à jeune fille qu'il appelle 'Miko. C'est son surnom ? C'est beau ! Mais son prénom est beau aussi pourtant. Je ne comprends pas, pourquoi un surnom ? Son prénom est déjà.. Beau ? Non ? Si ? Peut être que je me trompe alors ? Ou peut être que c'est parce que je le trouve comme ça parce que c'est mon avis ? Mais je ne peux pas exprimer mon avis... Sinon je vais me faire punir c'est sûr ! On va même se moquer de moi j'en suis certain ! Il faut que je me taise, il faut que je me taise et que je me fasse tout petit. Mon professeur de littérature ne semble pas vouloir me punir alors je ne bouge pas. Peut être vont-ils partir et me laisser seul comme je l'étais au début ? Avant que la jeune fille, non, Yumiko, n'arrive ?

Je relève légèrement la tête  bien qu'elle soit toujours enfoncée dans mes épaules. Je la edresse très peu tout de même. Il m'a appelé je dois lui dire quelque chose. Non... à la place il me dit que je peux faire les lucioles sur le dessin de la collégienne  parce que j'étais le... Meilleur dans ce domaine ? J'écarquille les yeux. Ce... Pourquoi il dit ça ? C'est... C'est pas vrai... Je... Je rougis, mes joues me chauffent. Je vais encore passer pour un idiot voilà ! Cependant peut être que ma tête n'est pas assez droite pour qu'ils voient que je suis rouge à cause de ce... Compliment ? Oui, je crois que c'est ça un compliment.. Je n'ai pas l'habitude d'en recevoir, c'était mes parents qui m'en donnaient, il m'avaient appris ce qu'était un compliment mais depuis que j'étais sur cette île je n'en avais plus reçu.. Je n'avais eu que des moqueries à cause de ma balafre entre autre. Parce que je ne parlais pas, que je rasais les murs... Pourquoi me dire un compliment alors que ce n'est pas vrai ? Alors que je ne suis rien ? Ou un nulle peut être ? Je ne fais rien correctement ou peut être que je fais les choses bien et que je ne m'en rends pas compte ?  Je ne sais pas trop, j'aimerais que ce soit le cas mais je n'ai pas envie de demander à mon professeur. Peut être qu'il va dire des choses gentille pour que Yumiko me demande de l'aide pour les lucioles. En parlant de lucioles, j'avais bien compris que c'était celle de son dessin et je savais comment les rendre plus « vraies» mais... Je n'osais pas prendre la parole, trop peur de leurs réactions. Je levais encore un peu plus la tête pour regarder les lèvres de la jeune fille. Elle jouait avec ses doigts depuis quelques minutes. Je m'en voulais tellement de la rendre ainsi que l'un de mes toc vint tout à fait normalement : je commençais à me gratter le haut du bras alors que Yumiko essayait de prendre la parole. Malheureusement je ne pouvais pas l'aider. Trop apeuré par le fait de prendre la parole. La peur de me faire juger comme d'habitude. Mais là encore j’avais un autre problème : je me sentais coupable de ne pas l'aider. L'endroit de mon bras que je me frottais me faisait un peu plus mal à chaque secondes qui passaient. Lorsqu'elle prit enfin la parole pour me parler je bloquais une nouvelle fois sur ses lèvres qui s'agitaient. J'arrêtais de me gratter le bras à cet instant. Elle veut vraiment que les lucioles brillent ? J'avais tout de même peur que cela ne lui plaise pas. Je hoche la tête de haut en bas.



Je passe à côté de Monsieur Mikazuki et la jeune fille que je vais essayer d'aider et  lui tourne le dos pour me diriger près du chevalet là où se trouve sa palette. Je vais ensuite prendre un verre que je remplie d'eau et reviens vers son dessin et fais un petit geste de la main vers elle.



Je dis cela d'un ton mal assuré mais d'une voix douce et prends le pinceau pour le tremper dans le rouge orangé et redessine une  luciole avant de tremper le pinceau dans l'eau pour étaler la couleur sur le dessin, diluant ainsi la peinture pour que cela fasse un dégradé de couleur et donc un effet de flammèche et de brillance. Je lui montre la première luciole.



Je me pousse un peu de la peinture et la laisse regarder d'un peu plus près, me mâchouillant l'intérieur de la joue, espérant que ce soit ce qu'elle a demandé.